Poésies par Mbouobouo Daouda

Membre et vice-président du cercle littéraire AFFO AKKOM (Yaoundé-Cameroun )

CAMEROUN (50 ans après…)

Ô Afrique en miniature,

Berceau de nos ancêtres

Terre des hommes.

Par tes jours de joies et des peines,

Voici venu le temps,

Le temps des récoltes,

Où tu célèbres avec fastes ton cinquantenaire.

Ecoute, écoute,

Le son glorieux de tes tambours suffoqués,

Le vent joyeux des noces triviales.

Levés très tôt, tes enfants s’activent ci et là

Animés par le même idéal, ils fourmillent d’ardeur.

Résolus à se regarder en frère.

Ils convergents tous comme un seul homme

Confondus dans leur destin.

Je les vois, oui je les vois !

Je les vois dans leur couleur vive

Je les vois tous soucieux,

Je les vois tous heureux

Et je perçois  leur triomphe.

Je les appréhende plus que décidés

Ils convergent des quatre coins

L’air grave des jours sérieux.

Les enfants terribles du pays

Pour célébrer la fête, leur fête nationale.

Dans un sursaut d’orgueil

Scandant l’aube des temps

Epaules et torses debout.

Je les vois qui s’étonnent.

Assis au plus profond de mon recueil

J’évalue graduellement le chemin parcouru

Me rappelant sans cesse l’ère du temps dénudée

A l’heure des clans et clivages hostiles.

Camerounais ô Cameroun !

Aujourd’hui vous formez un

Comme la nation Française,

Comme le peuple Anglais,

Aujourd’hui vous formez un,

Comme le territoire Américain.

Le moment est venu donc, le temps des réjouissances

Marchons de plus belle ensemble

Sarclons, creusons, ne laissons nulle place

Unifions nos efforts, nos forces et nos esprits.

Et rappelons-nous qu’ils en sont morts

Qu’ils ont donné de leur vie pour nous

Qu’ils ont connu pour nous l’humiliation.

Le cinquantenaire est là !

Des jeunes filles en proie au délire,

Le cinquantenaire est là !

Des jeunes hommes plus que stoïques

Le cinquantenaire est là !

La liesse sur tous les fronts

Le cinquantenaire est là !

Nostalgie pour les uns, sublimation pour les autres.

Et entourés de ses armoiries opaques

De son sceau reluisant

Le Cameroun est encore là,

Le cinquantenaire aussi.

© Daouda Mbouobouo (Cameroun)

Le Cameroun célèbre sa fête Nationale le 20 mai 201 0

jumelée avec ses cinquante ans d’indépendance.

ENFANCE OH JOUVENCE !

Ces anges de la vie,

Qui rayonnent de vie !

Dans ce mouroir de gîte,

Qui grouille très vite.

Construisent leur nid,

A l’image du tri

Très souvent innocents,

Apeurés par moments,

Ils fulminent gaiement,

Nous enivrant de joie

Enfance oh jouvence

DXXX

Tu es une fleur,

Je me dois de t’arroser.

Tu as besoin d’eau.

A TOI O MERE (KONOKOUMI AMINA)

Le jour se lève !

Le jour se lève chez nous,

Le jour s’est levé.

O mère !

Mère de toutes les étoiles,

Mère de toutes les souffrances,

Mère de tant d’engouement,

Mère des mères.

O mère !

Tu es ma mère des mers,

Tu es ma mère des océans.

A travers champs et rivières,

A travers foyers et fumées.

O mère !

Tu as trimé.

Tu as séché mes larmes,

Enfant.

Tu as calmé ma douleur,

Mari.

Et tu m’as ouvert grand les portes du bonheur,

Adulte.

Et c’est à toi que je dois ma gloire

Car tu étais là de bonheur.

Mère !

Depuis l’aurore, je t’ai surpris chansonner,

Depuis l’aube, je t’ai vu méditer.

Et elles étaient pleines d’espoir.

Malgré le fardeau épais qui sillonne,

Mère, je t’ai surpris chansonnant.

Le glaive de ton couteau scintillant,

Ta main hardie d’un coupe-coupe,

Mère, je t’ai surpris chansonnant.

Sur ta coupole de misère,

Sous ce soleil de canicule,

Sur ce sentier dépravant,

Mère, tu chansonnais.

Et je n’y ai  rien compris,

Dans ton souffle d’espoir, tu décidas de m’instruire.

Tu me chantas ton calvaire,

Tu me citas tes joies,

Tu me dis tes peines

Et je ne compris que ce sourire masqué.

Il était là, inerte.

Il était là, insipide.

Mais il était sans doute fier,

Fier au milieu de tes ivoires blanches.

Tu me contas l’aurore,

Tu me vantas le crépuscule,

Tu résumas même le monde.

Et c’est là que je compris ton sinistre.

C’est là que j’entrevis ta gloire.

Elle était là sur le créneau,

Enfant j’étais, homme je devins.

C’est donc la vie de toujours,

C’est donc la divine loi.

Et c’est là ton trésor, ta verdure.

Mère, tu as engendré,

Mère, tu as enterré,

Mère, tu es la plante germinale.

Tu es donc la puissance de notre puissance.

Et ceci est un jour,

Un jour pour toi,

Un jour pour tes fans,

Un jour pour tes adorateurs.

Ceci est un jour pour tous,

Tu as gémi de la graine,

Tu as grandi de tes veines,

Et de ta peau dorée,

De tes yeux éclairs,

Tu nous ensorcelles.

Et ceci est ta gloire

O Mère !

Assume dans le respect,

Sois fier de ta nouvelle donne.

C’est une responsabilité,

C’est encore un combat,

C’est une bataille,

C’est une rixe,

C’est une lutte,

Mais surtout c’est ton courage,

O MERE !

Régénération

Là haut sur le mont Koupé, mon île de sépulture.

Sur le Kilimandjaro où éléphants se retirent,

J’immigre graduellement vers ce nid d’eucalyptus.

Sur le pic de UHURU, je conclus ma randonnée.

Au panthéon Africain qui scrute très immobile,

La neige le soir séchant ce corps emprunt de secousse,

Je fonds désespérément, la crinière entre les jambes.

M’empressant vers l’abattoir sans espoir de le vouloir.

C’est marche vers le canyon, le défilé des hébreux

Attristés par leur fardeau, ce pour la dernière fois.

Le pas lourd sou tend le temps, vieillesse des nuits profondes.

Le cortège suit son cours Ô rame du piroguier

L’heure du repos, le gong, en ces lieux de rendez vous

Et la vie s’est estompée : C’est la régénération.

AME

A l’heure où le pêcheur de bonheur lève son camp

Je partirai dans le noir rejoindre mon Nirvana.

A la minute donnée de ce moment fatidique

Je rejoindrai mes prairies, mes vastes champs de coton.

Si je t’ai sollicité en ces lieux de souffrance

A cette heure citée, c’est que l’heure est venue

Je suis en train de partir et je salue ta présence

Par toi ma déculottée, même, je ne te hais point.

T’as sans doute fais ton choix, je ne peux que te comprendre

J’ai raté mon idéal, un modèle religieux !

Et j’ai succombé aux coups, à la misère du monde

Soyez heureux ici bas, mon pardon vous accompagne.

J’ai vécu ma destinée et j’ai de mon mieux fais.

Vive la résurrection, la contribution des âmes

LE GARDE MALADE

(15 nov 1998)

Il veille, la garde

Il garde la vieille

La dépouille, il garde

Il garde l’andouille.

La garde d’un gardien

Qui dort la garde

Qui s’endort de garde

Il garde qu’en même

Se tient debout,

Se tient assis, se tourmente.

L’andouille s’embrouille,

Il veille la garde

S’assoupit de temps en temps, s’assoupit de temps à autre.

Se délaisse, se laisse

Rêve lui aussi mais pense

Il fait tout cela,

Le garde de la vieille,

Le garde du corps

Le garde de la dépouille

Le garde poussière

Il se garde soi même

Il s’inquiète à vue d’œil

Ne transpire que pour l’autre

Ne respire que pour soi,

Le garde malade

Il fièvre la fièvre de l’autre

S’enrhume de l’odeur  du rhume

Il garde la garde.

L’un garde l’autre veille

L’un se détache et l’autre le supplée